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Les CCAS dans la tempête


Les CCAS dans la tempête. Article paru dans la lettre aux adhérents n°93


Les centres communaux d'action sociale ont une vieille histoire. S'ancrant dans la succession des bureaux de bienfaisance et des œuvres de charité, destinés à aider les plus pauvres de nos cités à travers le temps, il ne semble pas que leur tâche soit accomplie et que leur personnel et leurs administrateurs puissent enfin aspirer au repos.
En ce début de siècle, la pauvreté, sous des formes variées, resurgit avec une ardeur nouvelle, touchant toutes les tranches d'âges, des plus jeunes qui peinent à décrocher un premier travail aux retraités dont la pension est parfois réduite à un montant dérisoire.
De récents rapports émanant de l'UNIOPS, de l'observatoire national de la pauvreté et d'associations caritatives corroborent ce que nous constatons tous les jours dans les CCAS. Une fois réglées les charges de la vie quotidienne, dont le logement qui prend une part sans cesse croissante dans le budget des familles et des personnes isolées, il ne reste que plus grand-chose pour se nourrir et encore moins pour tenter de vivre dignement. Enfin pour le public qui est le nôtre et pour qui, pendant quelques décennies, on pouvait penser que la situation finirait par s'améliorer.
Quand les éléments s'en mêlent et que les dieux des vents et ceux des océans conjuguent leur action et viennent détruire en une nuit ce qu'une vie avait permis de construire, on est dans un autre registre.
Nos collègues des communes littorales de Vendée et de Charente-Maritime en savent quelque-chose. Dans la nuit du 28 février dernier, avec la tempête Xynthia, la douceur de vivre que connaissent habituellement ces départements s'est transformée en vision d'apocalypse. A Aytré et à Châtelaillon, pour ne citer que ces deux communes au Sud de La Rochelle, nos collègues ont du faire face à des centaines de drames humains, de familles qui en un instant ont tout perdu. La solidarité locale a joué à fond et élus et fonctionnaires se sont retrouvés au coude à coude pour aider chacun à se vêtir, se nourrir et se loger. Et leur travail n'est pas fini, car aux solutions d'urgence doivent maintenant succéder des réponses plus durables.
Mais si les digues peuvent être consolidées et parfois faire obstacle aux vagues et aux marées, quels sont les dispositifs qui peuvent empêcher le déferlement de la pauvreté, de la précarité et de leurs conséquences ?
Jusqu'à présent, les villes pouvaient développer une action sociale, qui à côté de celle que les départements ont pour vocation à mener, venait répondre aux besoins du plus grand nombre. Services sociaux, actions d'insertion, crèches et maisons de retraites, aide à domicile, centres sociaux, étaient mis en place, dans les villes et même en milieu rural, si la palette des services offerts était plus réduite, il existait des solutions à bien des situations.  
Le vent de la crise, cette chose vague, protéiforme et insidieuse, n'en fini plus de souffler. Il met à l'épreuve, à présent, nos institutions. De l'Etat qui nous annonce un gel au moins triennal de son budget (encore une métaphore météorologique) à nos mairies, en passant parles Départements, les CAF et les Caisses de retraite, tous sont touchés par une baisse de recettes[1] et une hausse des dépenses. Et comme les CCAS ne peuvent compter que sur ces contributeurs pour mettre en œuvre leurs actions, on en arrive à une situation partout difficile.
Quel est l'avenir de nos crèches si les CAF, imposant des taux d'occupation qui ne répondent plus aux besoins d'accueil très partiels de parents au travail précaire, réduisent drastiquement leurs participations ?
Comment continuer à apporter le soutien quotidien à des milliers de personnes âgées quand chaque heure d'activité se traduit par un déficit qui atteint parfois plusieurs euros ?
Doit-on réserver nos établissements pour personnes âgées seulement aux plus défavorisés, mettant ainsi fin à une mixité des publics dont l'intérêt est aussi vrai pour les dernières années de la vie que dans les premières ?
Ces questions, nous nous les posons tous et les réponses ne sont pas évidentes. Toujours est-il que face à cette situation, le climat se tend et devient parfois orageux; on cherche des responsables. Les cadres sont parfois accusés de ne pas savoir piloter le bateau CCAS dans la tempête. Pourtant celle-ci n'a pas fini de souffler et il nous faudra trouver énergie, imagination et appuis pour continuer à voguer et être la planche de salut de ceux que le mauvais temps a fait perdre pied.



[1] L'analyse des causes de cette situation est une autre histoire…