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Le discours de clôture

Directrices, Directeurs

Cadres, cadres, Basques, basques,

Chères collègues, chers collègues,

Public adoré de ces 33èmes journées de l'ANCCAS.

Vous ne m'en voudrez pas si j'ouvre ainsi le discours qui est censé clore nos rencontres, en tentant d'imiter, au moins dans cette introduction, le regretté Pierre Desproges, mais il m'a semblé que clore en le singeant à Saint-Jean, c'était tout à fait adapté.

Beaucoup de choses ont été dites ici à Urrugne et parfois avec hargne.

Mais on ne vous a pas tout dit. D'abord, il ne vous a pas échappé que c'est à Saint Jean de Luz que Louis 14 épousa, il y a 350 ans, l'Infante Marie-Thérèse d'Autriche qui était comme son nom l'indique la fille aînée du roi d'Espagne.

C'est d'ailleurs ce qui a poussé notre conseil d'administration, non pas dans un élan de nostalgie royaliste, mais par reconnaissance à ceux, qui, il ya si longtemps avaient su construire l'Europe des couronnes (avant celle de l'Euro), à choisir cette ville et cette date pour s'associer au plus près à la célébration de cet évènement mémorable.

Mais Saint-Jean de Luz a aussi été choisie pour que soit révélée la très grande imposture de Charles Perrault, celui des contes, qui a volé au pays basque le petit chaperon rouge. Eh oui !

Car c'est bien lors du mariage de Louis le quatorzième, qu'apparaît au grand jour le petit chaperon rouge, premier du nom. Si si.

Vous ne me croyez pas? Eh bien allez donc voir le site (internet) de la Mairie de Saint-Jean de Luz.

C'est écrit en toutes lettres: "Louis XIV et la Cour arrivèrent à Saint-Jean de Luz le 8 mai 1660. Le maire et ses quatre adjoints les attendaient vêtus de la toge avec le chaperon rouge". Fin de citation.

Ce qu'ils firent lui, le roi, dit Loulou 14, et elle, le petit chaperon rouge, dans les bois de Fontarabie, le site de la Mairie ne le dit pas, mais il dû s'en passer de belles car le mariage avec l'infante d'Espagne n'eut lieu que le 9 juin, ce qui laissa un bon mois pour jouer au loup. D'autant plus que dans ces mêmes bois, on trouve des champignons hallucinogènes, les bolets roses, devenus fameux depuis Maurice Ravel.

Alors le Charles, il n'écrit son conte à faire peur qu'en 1697. On voit qu'il avait eu le temps d'étudier le sujet mais que, restant au premier degré, il ne pu percevoir la profondeur de ce qui c'était passé dans ces forêts gasconnes.

Mais il y a d'autres raisons, plus graves, qui ont motivé la tenue de notre congrès près des terres hispaniques.

Comme vous n'êtes pas sans le savoir, l'Espagne est le deuxième pays, qui face à la crise, crise financière, crise sociale, crise des financements, à avoir décrété un régime d'austérité.

Et la première mesure, ou du moins la plus symptomatique, a été de réduire le salaire des fonctionnaires de 5%.

Donc en venant ici, en grimpant jusqu'à Urugne
ou en allant se promener en mer,
il s'agit aussi de vérifier si on entend la rumeur,
les cris, de nos collègues espagnols
qui protestent contre cette mesure inique.

Hou, Hou, Hou… Sont-ce les loups ibériques
ou les cris de douleur des agents de la fonction publique ?

Certes, en France, pour l'austérité, ce n'est pas peine de s'inquiéter.
C'est comme pour les nuages venus de Tchernobyl, l'austérité passera au dessus, sans s'arrêter.
On ne devrait à peine connaître qu'un gel des dotations de l'Etat. L'Etat, l'ETA c'est quelque chose qu'on connaît bien ici et on sait que les relations qu'on a avec lui sont parfois explosives. Mais pour une fois rien à dire si ce n'est que des contradictions semblent toutefois apparaître dans les positions gouvernementales.

Aussi vrai qu'il existe des CCAS bunkérisés,
il est clair que la France est contre la Burka,
car ce vêtement cache trop de choses.

Mais on s'offusque, de ce côté de la Bidassoa, de ce que l'Allemagne ait décidé d'interdire, de l'autre côté du Rhin, les ventes à découvert à nu.
Même moi, qui aime bien découvrir les allemandes à nu, je m'interroge.
Où est l'excès de pudibonderie ? Cela n'est à rien y comprendre.
Alors pour nous aider à comprendre tout ça j'ai demandé à M. Marché Financier de nous rejoindre ce midi, mais il n'est pas encore arrivé.

Alors je vais tenter un résumé. Autrefois, quand un SDF vous abordait, il vous disait, t'as pas 100 balles ? L'inflation ayant fait son chemin c'était jusqu'à il y a peu, t'as pas 10 euros ? Et parfois, on répondait : désolé mon brave, c'est la fin du mois, je n'ai plus rien. Et le SDF s'en retournait sur son banc...
Mais à l'heure actuelle et c'est là que les choses changent, le SDF, il ne s'en va plus. Il vous répond crânement : "et ben c'est pas grave mon gars,, puisque tu les as pas, je te les emprunte quand même et je te les rendrait quand je les aurais revendus…"

Même si cette manière de pratiquer peut révolutionner, radicalement, notre conception du travail social, ce n'est pas sûr qu'elle ait eu tord notre cousine germaine d'interdire ça. Parce-qu'avec de telles pratiques ce n'est pas étonnant qu'on ne sache plus où est parti le pognon. Et il n'est pas sûr que 5 Joseph arrivent à nous expliquer ce que 2 Joseph (Joseph Carles bien sûr, et par sa bouche Joseph Stiglitz) ont tenté de nous faire comprendre.

Hein, il est où le pognon ? C'est qui qui s'est tiré avec l'oseille ? Qui c'est qui l'a bénévolé ?

Il y a deux ans, à La Rochelle, on en était à mettre au point le DALO

Il y a un an, à Rouen, on célébrait l'instauration du RSA

Mais force est de constater comme vous l'avez fait qu'en dépit de tout ça, le reste à vivre est rabougri, racorni, qu'il se réduit comme une vieille peau de chagrin qui ne connaitrait pas L'Oréal comme dirait l'un de nos ministres.
La mise en œuvre du DALO ? Que d'ale !
Et le RSA on n'ose même plus en parler,
on parle maintenant des ARS.
Mais pour les pauvres, les ARS c'est RAS…
Rien de plus A se mettre Sous la dent.
Alors, il nous faut un nouveau sigle :
ASR, comme Apprendre à Se Restreindre.

Eh oui, il nous faut imaginer d'autres formes de travail, coopérer, se coordonner, mutualiser. Bref se serrer les coudes, baisser la tête en attendant que ça passe. C'est pas le pied.

Le taux de cholestérol qui était élevé, à fleur de Pau dans certains CCAS, risque fort de chuter rapidement. Bien sûr, la tentation de l'intégration dans l'administration municipale est forte mais elle pose aussi plein de questions si on ose regarder en arrière.

Que faisiez-vous au printemps 1980 ?:
Au printemps 1980 :
de l'Etat providence.
De l'Etat providence ? J'en suis fort aise
Et bien déchantez maintenant…
Le FMI n'est pas prêteur, c'est là son moindre défaut.
Ou alors, il faut lui rembourser, intérêts (très élevés) et capital.

Plus longtemps il vous faudra travailler
Sans être plus payés.
Le travail c'est la santé
Jusqu'à 67 ans il te faudra bosser si ta retraite tu veux conserver.
Les médicaments dans les EPHAD seront rationnés
Ce n'est pas grave,
La vieillesse ça ne se soigne pas avec des comprimés.

Pour que ça coûte moins cher, pourquoi pasY remplacer les professionnels
Par de vieilles demoiselles
un peu folles-en cornette. Bénévoles !?

Profitez-en , il y en a 13 millions qui n'attendent que ça.

On pourrait aussi faire travailler les résidents
Leur faire garder les enfants
Dans les jardins d'éveil.
Ça pourrait faire merveille:
"T'es où mon pt'it ?
-Juste à côté de toi mamie !
Tu viens on joue au loup ?
A saute-mouton ?
A chat-perché ? A un deux trois soleil ?

Bon ben si tu veux pas, je retourne jouer avec ma Wii
-Ta quoi ?
-Ma Wii
.- Non, je comprends plus rien, je crois que je vais avoir besoin d'un coach, ou d'un scotch… enfin d'un truc pour me remonter…
Tiens d'ailleurs, dès qu'ils m'auront détaché, je remonte dans mon dortoir".

La morale de cette histoire,
c'est qu'il faut produire du Care
à pas cher.

Car il y a certainement quelque chose à faire 
avec des bénévoles du troisième type. ( le téléphone sonne)

On vient de me dire au téléphone que M. Marché Financier ne viendra pas
Son état de santé s'est brutalement dégradé,
sa note aussi (A moins)
Il faut le dire franchement
Il fuit de toute part
Il est incontinent.
Et puis, avec toutes ces mutations,
L'avenir est devenu le présent

Et comme le dit Geluk
(on ne peut pas tous citer Einstein)
donc, comme le dit Geluk,
l'auteur du Chat, "Dans le passé, il y avait plus d'avenir"

et ce n'est donc pas étonnant qu'on en soit arrivé là.

L'intelligence collective suffira-t-elle pour nous dire comment s'en sortir ?
De quel côté tombera le paquet Monti-Kroes- ?
L'Europe reconnaîtra-t-elle enfin la spécificité du travail social ?
C'est ce que vous saurez aux 34èmes rencontres de l'ANCCAS, qui sauront certainement faire la transparence sur ces sujets et sur bien d'autres, puisqu'elles se dérouleront à…Vitré.

Un discours même si peu conventionnel que celui-ci ne saurait se terminer sans des remerciements et des félicitations. Remerciements aux deux municipalités, à leur maire et à leur personnel pour la qualité de l'accueil qui nous a été ici réservé. Félicitations à nos deux directrices, Françoise et Martine pour leur travail et l'organisation parfaite de ses 33èmes journées.

Alors, comme on dit en basque, Milesker et Goresmenak

Faim.